Session parlementaire sous haute vigilance
La neuvième session ordinaire de l’Assemblée nationale s’est close à Brazzaville sur une tonalité à la fois solennelle et prospective. Isidore Mvouba a souligné devant les députés l’urgence de renforcer le suivi des politiques publiques, afin d’aligner l’action gouvernementale sur les attentes citoyennes.
Dans l’hémicycle, le président de la chambre basse a martelé que le Parlement devait « marquer le gouvernement à la ceinture », formule sportive devenue mantra institutionnel. L’image illustre la volonté de conjuguer proximité constructive et contrôle rigoureux, sans pour autant fragiliser la stabilité macro-politique.
Contrôle parlementaire et stabilité macroéconomique
À la tribune, Mvouba a rappelé la priorité accordée à l’amélioration du climat des affaires, à la viabilisation de la dette et à la poursuite des réformes soutenues par la CEMAC. Ces chantiers conditionnent l’accès durable du Congo-Brazzaville aux marchés financiers régionaux.
Selon plusieurs économistes de la sous-région, le dialogue entre l’exécutif et le législatif représente un signal crédible envers les bailleurs. « La discipline budgétaire se gagne autant dans l’hémicycle que dans les ministères », confie un conseiller monétaire de la Banque des États d’Afrique centrale.
Réformes sectorielles et priorités sociales
Trente-deux affaires ont été inscrites à l’ordre du jour, dont vingt-sept adoptées. Les élus se sont particulièrement attardés sur deux projets hospitaliers stratégiques, à Sibiti et Ouesso, destinés à renforcer la carte sanitaire nationale et à rapprocher les soins spécialisés des populations éloignées.
L’inauguration annoncée par le chef de l’État témoigne d’une approche axée sur les résultats. Pour un député de la Lékoumou, ces infrastructures « illustrent la traduction budgétaire du droit à la santé » et constituent un levier d’emploi local, notamment dans le BTP et les services de maintenance.
Coopération fiscale avec la Türkiye
Les parlementaires ont également autorisé la ratification d’une convention fiscale bilatérale conclue avec la Türkiye. Le texte ambitionne de prévenir la double imposition, fluidifier l’échange de renseignements et créer un cadre antidiscriminatoire pour les entreprises congolaises et turques engagées sur les deux territoires.
Dans un contexte de diversification des partenariats Sud-Sud, l’arrimage juridique est jugé décisif. Un diplomate turc à Brazzaville évoque « un pont fiscal moderne, susceptible de catalyser l’investissement manufacturier ». Pour les autorités congolaises, cet accord complète la feuille de route industrielle horizon 2025-2030.
Perspectives diplomatiques régionales
Au-delà du dossier turc, l’Assemblée a suivi de près la montée en puissance de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives et la finalisation du corridor routier Pointe-Noire-Brazzaville-Bangui-Ndjamena. Ces sujets, déjà portés par la présidence, exigent un monitoring parlementaire permanent.
Le Congo-Brazzaville s’affirme ainsi comme passerelle logistique et énergétique d’Afrique centrale, option saluée par la CEEAC. Pour un diplomate gabonais, la synergie entre Parlement et Exécutif « conforte la prévisibilité politique, paramètre essentiel pour canaliser les financements multinationaux sur les infrastructures transfrontalières ».
Équilibre entre soutien et exigence
La formule « marquer à la ceinture » suggère un contrôle rapproché, mais jamais d’obstruction. Les députés rappellent qu’ils partagent avec le gouvernement l’objectif de stabilité. Cette posture s’inscrit dans la tradition congolaise de concertation, consacrée par la Constitution et régulièrement saluée par les partenaires internationaux.
Pour l’opinion nationale, souvent attentive aux signaux de cohésion, cette coopération est perçue comme facteur de confiance. « La politique de la main tendue rassure autant que les indicateurs macroéconomiques », remarque une chercheuse du Centre d’études stratégiques d’Afrique centrale, évoquant la prévention des tensions sociales.
Les attentes des investisseurs
Sur les places de Douala et Paris, les analystes commentent le vote diligent des lois comme un gage de prévisibilité, élément crucial pour les fonds souverains et les majors pétrolières. La sécurisation des chaînes d’approvisionnement figure désormais au même rang que la rentabilité fiscale.
Les échanges de vues menés par la Commission économie et finances avec les groupements d’employeurs devraient aboutir, selon nos informations, à un calendrier consensuel d’application des nouveaux textes. Les entreprises réclament cependant des guichets uniques plus agiles afin d’accélérer les procédures d’agrément et d’exportation.
Un agenda législatif axé sur les résultats
Le Bureau de l’Assemblée prépare déjà la session prochaine, qui examinera le projet de loi de règlement et plusieurs textes relatifs à la transition énergétique. Une attention particulière sera portée à la structuration financière des projets solaires des départements septentrionaux.
Pour garantir la célérité, la conférence des présidents envisage d’augmenter la fréquence des séances plénières et de recourir davantage aux rapports synthétiques. L’objectif, répété par Mvouba, est d’éviter tout goulot d’étranglement susceptible de retarder la mise en œuvre des politiques gouvernementales.
Dans les couloirs, plusieurs députés évoquent la possibilité d’introduire un tableau de bord numérique partagé avec le gouvernement. L’outil faciliterait le suivi des engagements budgétaires en temps réel et renforcerait la traçabilité, axe central des discussions avec le Fonds monétaire international.
Voix citoyennes et échos médiatiques
Les radios communautaires de la Sangha ont relayé avec insistance l’adoption des lois sociales, signe que le message dépasse la sphère technique. Pour un enseignant d’Ouesso, « l’Assemblée devient visible lorsqu’elle touche la santé et l’éducation ». Ce lien territorial densifie la légitimité parlementaire.