Une inauguration au rythme de la capitale économique
Le ruban coupé sur l’avenue de l’Indépendance, Tié-Tié a officiellement accueilli la nouvelle vitrine urbaine d’UBA Congo. À elle seule, la cérémonie, rehaussée par la présence de représentants du ministère de l’Économie et du gouvernorat de Pointe-Noire, traduisait l’attention accordée par les autorités à l’expansion de l’offre bancaire. La banque pan-africaine, déjà solidement implantée à Brazzaville et dans le Haut-Ogooué, franchit ainsi une étape supplémentaire de son maillage territorial, quelques semaines après la présentation par le gouvernement du programme de bancarisation accélérée inscrit dans le Plan national de développement 2022-2026.
UBA Congo et la stratégie d’inclusion financière
En s’installant dans le troisième arrondissement – le plus peuplé de la métropole côtière – UBA inscrit son action dans la perspective tracée par la Banque centrale du Congo et la CEMAC, qui visent un taux de bancarisation supérieur à 35 % à l’horizon 2025. « Le premier service public, c’est de permettre à chacun d’ouvrir un compte courant sécurisé », résumait, lors de l’inauguration, le directeur général d’UBA Congo, François-Xavier Ivala. L’établissement promet des ouvertures de compte en moins de quinze minutes, la gratuité des virements intrabancaires mobiles et une offre de micro-épargne adaptée aux revenus irréguliers des petits commerçants de Tié-Tié.
Tié-Tié, laboratoire démographique stratégique
Longtemps périphérique, le quartier concentre aujourd’hui une population jeune et mobile, estimée à près de 220 000 habitants par les services municipaux. La densité d’artisans, de transporteurs informels et de vendeurs de rue crée une économie où la rotation rapide du cash demeure la norme. Or c’est précisément ce vivier que la nouvelle agence souhaite accompagner vers des circuits formels. Dotée d’un guichet automatique disponible en continu et d’un espace e-banking, la structure s’adresse autant aux salariés qu’aux micro-entrepreneurs, convaincue que la dématérialisation graduelle des transactions est un levier de sécurité et de traçabilité.
Un appui discret aux politiques publiques nationales
Le déploiement d’UBA ne se lit pas seulement à l’aune d’indicateurs commerciaux. L’établissement s’inscrit dans le sillage des réformes impulsées par le ministère des Finances sur la gouvernance budgétaire et la digitalisation des paiements publics. Les discussions engagées avec l’Agence de développement des PME laissent entrevoir des lignes de crédit dédiées aux jeunes pousses du secteur agroalimentaire, priorité du plan gouvernemental en faveur de la souveraineté alimentaire. Selon un conseiller économique de la préfecture, « l’arrivée d’une banque capable de structurer des financements en monnaie locale réduit la dépendance des porteurs de projet aux circuits informels », un enjeu régulièrement souligné par le chef de l’État lors de ses allocutions sur l’entrepreneuriat.
Innovation numérique et accompagnement des PME
UBA Congo capitalise sur l’expérience mobile développée par son groupe au Nigeria et au Ghana. L’application UBA Mobile NG a été adaptée au réseau congolais et comporte désormais une interface en lingala et en kituba, une première dans le secteur. L’objectif est d’abaisser la barrière linguistique et d’élargir le public touché par les services d’épargne, de microcrédit et d’assurance. Pour les entreprises, la banque déploie une cellule Corporate Advisory chargée de sécuriser la transition vers la fiscalité électronique et d’assurer la conformité aux standards de lutte contre le blanchiment, un domaine où Brazzaville veut afficher des avancées tangibles lors de la prochaine révision du Groupe d’action financière d’Afrique centrale.
Perspectives régionales pour la place bancaire congolaise
Au-delà de Tié-Tié, l’agenda d’UBA Congo table sur l’ouverture de trois agences supplémentaires d’ici à fin 2026, notamment dans la zone économique spéciale de Maloukou et à Dolisie. Ce rythme, aligné sur la stratégie nationale de redynamisation des corridors Pointe-Noire-Brazzaville et Pointe-Noire-Cabinda, pourrait amplifier la concurrence, mais aussi stimuler la diversification des services destinés aux diasporas régionales. À terme, l’enjeu pour la place congolaise sera de consolider sa crédibilité réglementaire afin d’attirer davantage de financements climat ou d’émissions obligataires régionales, un chantier déjà encouragé par la présidence.
Cap sur une bancarisation inclusive et durable
L’ouverture du point d’accueil de Tié-Tié constitue moins un aboutissement qu’une balise sur la trajectoire de modernisation financière imaginée par les pouvoirs publics et les opérateurs privés. La densification du réseau bancaire, combinée aux solutions numériques multilingues, dessine un paysage où la proximité ne se mesure plus seulement en kilomètres mais en capacité d’adaptation aux besoins de chaque citoyen. Forte de cet ancrage, UBA Congo ambitionne d’accompagner les transitions économiques congolaises sans renoncer à sa vocation régionale. Dans cette équation, Tié-Tié devient le symbole d’une finance qui s’ancre localement pour penser plus loin.