Une nomination au cœur de la diplomatie congolaise
Dans la fraîcheur d’un matin d’août, le ministre des Affaires étrangères Jean-Claude Gakosso a accueilli, au palais du peuple de Brazzaville, la nouvelle représentante de l’UNICEF, Mariavittoria Ballotta, scellant ainsi une étape décisive pour l’agenda diplomatique social du Congo.
L’entrevue, confirmée par un communiqué officiel, visait à renforcer un partenariat qui associe depuis trois décennies l’expertise onusienne aux ambitions nationales en matière de protection de l’enfance, un champ que la diplomatie congolaise place désormais au premier rang de ses priorités sectorielles.
Le parcours international de Mariavittoria Ballotta
Diplomate de carrière, Ballotta a sillonné Dakar, São Tomé, New York et Rome, occupant des postes de conception, planification et évaluation de programmes pour l’UNICEF, autant d’escales qui ont forgé une maîtrise fine des défis éducatifs et sanitaires dans des contextes variés.
À Dakar, elle dirigeait la planification régionale couvrant vingt-quatre États ; à São Tomé, elle pilotait l’intégration de la petite enfance dans les budgets publics, démontrant sa capacité à traduire les recommandations multilatérales en politiques nationales mesurables.
Les observateurs chevronnés de l’UNICEF soulignent que son leadership repose sur un triptyque : rigueur technique, sens politique et aptitude au dialogue interculturel, éléments particulièrement pertinents dans un pays multilingue comme le Congo, où coexistent plus de cinquante langues nationales et dialectes locaux.
Les attentes stratégiques de Brazzaville
Pour Brazzaville, la présence d’une experte de ce calibre tombe à point nommé : le Congo vient d’adopter un Plan national de développement 2022-2026 qui réserve un chapitre entier à l’investissement humain, y compris la réduction de la vulnérabilité des enfants.
« Notre coopération s’inscrit dans la droite ligne de cette stratégie », a affirmé Jean-Claude Gakosso, soulignant que la diplomatie moderne ne peut plus ignorer la dimension sociale, surtout dans une région où la moitié de la population a moins de dix-huit ans.
Un partenariat UNICEF-Congo déjà dynamique
Le bureau de l’UNICEF à Brazzaville ne part pas de zéro : il appuie déjà le ministère de la Santé dans la vaccination, ainsi que l’Éducation nationale pour la scolarisation des filles, avec des fonds additionnels mobilisés auprès de l’Alliance mondiale pour les vaccins.
La nouvelle cheffe de mission souhaite élargir cet éventail à la protection sociale, misant sur des transferts monétaires pilotes et un système d’état civil numérique capable d’enregistrer chaque naissance en temps réel, perspective saluée par les techniciens congolais.
Priorités sectorielles partagées
L’éducation de base, longtemps fragilisée par la pression démographique, figure au sommet de l’agenda. Ballotta plaide pour des salles de classe sobres en carbone, combinant construction modulaire et énergie solaire, afin de répondre aux impératifs climatiques sans grever les finances publiques.
Autre priorité, la santé maternelle : le Congo vise la réduction de moitié de la mortalité néonatale d’ici 2025. L’UNICEF apportera un appui technique pour déployer l’oxygénothérapie de proximité dans les hôpitaux secondaires et renforcer la chaîne logistique du sang.
Enjeux régionaux et multilatéraux
Sur le plan régional, Brazzaville abrite depuis 2021 le Centre africain de recherche en vaccination, laboratoire certifié par l’OMS. L’arrivée de Ballotta ouvre la possibilité d’aligner ce centre d’excellence sur les initiatives COVAX et le nouveau fonds panafricain pour la santé.
Le ministre a rappelé que le Congo siège actuellement au Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, d’où il peut promouvoir, avec l’UNICEF, un plaidoyer transversal reliant droits de l’enfant, consolidation de la paix et résilience climatique, trois vecteurs indissociables de la stabilité.
Cette synergie pourrait également servir de banc d’essai pour l’initiative ‘Une école, un repas’, promue par l’Union africaine, permettant de tester la chaîne d’approvisionnement locale et de stimuler l’agriculture vivrière diversifiée le long du fleuve Congo.
Perspectives d’un avenir axé sur les résultats
Le mandat de Ballotta coïncide avec la campagne de recensement prévue en 2024. Les données générées renforceront la qualité des indicateurs suivis par l’UNICEF et orienteront les financements internationaux vers les communes les plus éloignées de la cuvette congolaise ou du plateau batéké.
« Nous voulons parler de résultats et non de promesses », confie un diplomate européen présent à la réunion, précisant que la nouvelle approche axée sur la performance devrait attirer davantage de bailleurs, y compris la Banque mondiale et le Partenariat mondial pour l’éducation.
Dans l’entourage du ministre, l’optimisme prévaut. Des consultations interministérielles sont déjà programmées pour harmoniser les données budgétaires et garantir que chaque franc mobilisé par l’UNICEF soit adossé à un cofinancement public, condition jugée essentielle pour asseoir la crédibilité financière du programme.
Ainsi s’esquisse un tandem où l’expertise multilatérale épouse les objectifs nationaux, signe d’une diplomatie congolaise résolument tournée vers le développement humain. Les prochains mois diront comment cette alliance transformera, sur le terrain, la vie des filles et des garçons du Congo.
